Le monde des chemins de fer
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Historique de la Gare Talabot, puis PLM, puis SNCF de Barbentane-Rognonas

Le 24 juillet 1843 Messieurs Talabot Frères, de la Compagnie des chemins de fer d’Avignon à Marseille, obtiennent la concession de la ligne Avignon à Marseille. Le 18 octobre 1847 s’ouvre la section de ligne Barbentane à Saint-Chamas. Ce même jour la gare de Barbentane est inaugurée officiellement et s’appellera désormais Gare de Barbentane-Rognonas. Le 5 mars 1849 la ligne Avignon-centre à Barbentane est ouverte. Enfin le 8 mai 1960 la section Avignon-centre à Tarascon est électrifiée en courant continu de 1 500 volts…

Au-delà de ces aspects techniques, à l'automne 1843, et dès le début de la construction des remblais une inondation épouvantable ravagea la plaine environnante. Les travaux en cours furent considérés comme responsables de tous ces maux. Monsieur Paulin Talabot offrit des dédommagements et le maire de l'époque, Etienne Léon de Robin, un enthousiaste de la chose ferroviaire, déclara au conseil municipal qu'il voyait une incalculable mutation, une richesse pour la région, le 'rail-way' allait ouvrir de grands marchés mais, pas naïf il n'éludait pas les inévitables inconvénients aux détriments de quelques déshérités.

Les Barbentanais déchantèrent peu après en s'apercevant que la gare s'appelait Gare de Rognonas. En 1846 les choses s'envenimèrent encore un peu plus quand les religieuses de l'hospice vinrent ajouter leurs voix au concert des nombreuses réclamations au fait que cet établissement, selon les écrits d'un de ses administrateurs …reçoit des ouvriers du chantier atteints de maladies, mais nos religieuses ne peuvent soigner certaines d'entre elles que la pudeur et la décence réprouvent… La morale leur défend d'appliquer certaines ordonnances… Il faut que le préfet paye un homme pour s'en occuper !!! Mais c'est surtout la suppression du bac, qui était placé depuis des temps immémoriaux en aval du nouveau viaduc ferroviaire sur la Durance, qui posait de réels problèmes. Et le nouveau pont routier de Rognonas situé à l'emplacement où il est encore …n'a pas soulagé la partie féminine qui a l'habitude de porter des charges sur la tête et qui, à ce jour, doit faire six kilomètres de plus [pour aller et revenir du marché d'Avignon].'

Comment pouvait-il savoir, le maire de l'époque, Jean Martinet, en écrivant ces quelques lignes qu'en 2009, le nouveau pont de la LEO serait construit sur cet emplacement immémorial !!! Et pratique il propose une passerelle en bois qui serait bien en aval du viaduc. Mais c'est le maire suivant, Pierre Daire, qui porta une nouvelle attaque destructrice au moins pour le moral : Les terres annexées par le chemin de fer étaient, autrefois luxuriantes, à l'abri de l'humidité et de la sécheresse, à l'abri de l'horrible fléau des fièvres… Depuis ce sont des foyers d'infections, la végétation s'étiole… la population est décimée… et surtout nous voulons des indemnités !!!

Ces paroles, particulièrement pour ceux qui connaissent bien les lieux, peuvent maintenant prêter à sourire, mais que dire des doctes savants, tel Etienne Arago, qui prédisait que la vitesse allait causer des fluxions de poitrine, des pleurésies et des catarrhes aux aventuriers complètement fous qui se serviraient de ce moyen de transport. Et, pour clore le tout, certains députés de l'époque affirmaient que le transport en wagon pour les armées, allait les efféminer en leur faisant perdre cette faculté des grandes marches qui ont joué un si grand rôle dans leurs triomphes' !!!

Bon, d'accord, on a pris deux belles dérouillées, une 1870 et l'autre en 1940, mais plus personne maintenant n'incrimine une possible 'efféminisation' de la soldatesque par le chemin de fer. Finalement, petit à petit les choses s'apaisèrent et la rivalité avec Rognonas, malgré un nouvel avatar postal, fut close par une belle phrase du maire Jean-Baptiste Petre ...ne réveillons surtout pas le vieil antagonisme avec nos voisins…

C'est donc bien par des 'accouchements' douloureux que les infrastructures ferroviaires prirent place dans notre paysage.

Et, même s'il n'est pas Barbentanais, puisque positionné sur le territoire de Graveson, je ne peux manquer de saluer le facétieux ingénieur qui a décidé de faire tailler l'extraordinaire 'rocher fendu' !!! Je ne sais pas vraiment s'il est unique, mais connu par tous les amateurs et professionnels du monde ferroviaire, il a été, il est toujours, et restera pour encore bien des années le plus superbe des repères…

Notre gare s’enorgueillit, rapidement, du titre de Première gare primeurs de France, record qu’elle conservera jusque dans les années 1970. Rançon de cette gloire, les délicieuses aubergines longues et violettes dites de Barbentane portent ce nom du fait que les caisses dans lesquelles elles voyageaient vers les marchés lointains que le chemin de fer approvisionnait, portaient le nom de Gare de Barbentane…

Hélas, deux terribles accidents viendront endeuiller notre gare :

• Le premier, le mercredi 26 octobre 1949, à 9h51, l’autorail-express n°436, assurant la liaison Cerbère à Avignon, composé d’une motrice tractant deux voitures de 3ème classe et une voiture de 2ème classe, vient s’encastrer à près de 70km/h dans le hangar de la petite vitesse situé juste après le bâtiment voyageurs, à cause d’une rupture d’essieu. Ce terrible accident a fait 12 morts et plus de 50 blessés…

• Le second, le mardi 26 juillet 1983, à 1h27, le train n°5058, assurant la liaison Nice-Paris, composé d’une locomotive électrique avec une douzaine de voitures-couchettes de 1ère et 2ème classes, vient se coucher à près de 160 km/h sur l’espace libre situé juste après l’ancien passage à niveau. Accident dû encore à une rupture d’essieu. On déplorera 5 morts, des jeunes Canadiens d’Ottawa qui rentraient de vacances, et plus d’une douzaine de blessés…

Son déclin est consécutif à l’abandon progressif par la SNCF du trafic primeurs en wagons isolés. Quant au trafic des voyageurs il sera fermé en 1968. Puis prenant prétexte d’une grande manifestation paysanne qui détruisit une aiguille, la SNCF la fermera définitivement en 1991.

Abondamment taguée, ses nombreux bâtiments tombent inexorablement en ruines. Les seules vibrations qui la secouent encore sont dues aux passages incessants de trains, tant frets que voyageurs, indifférents qui passent à grande vitesse sans lui accorder le moindre coup d’œil !!!


http://trains.wikicities.com/images/c/c6/Carte.gif Carte

WikipédiaRognonas dans Wikipédia.

  • Originellement appelée Rognonas, la gare prit ensuite le nom de Barbentane et s'appelle actuellement Barbentane - Rognonas.

Chronologie[]

Compagnies[]

Compagnie(s) deservant(s) la gare :

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